Sébastien Guèze est un ténor « made in Ardèche » comme il se qualifie lui-même. Amoureux de la chanson française nous avons échangé quelques mots avec lui.
Ardèche Actu : Vous êtes né à Lyon mais vous êtes pourtant très ardéchois puisque que vous vous définissez comme un ténor made in Ardèche ? (Lu sur twitter)
Sébastien Guèze : Toute ma famille est originaire du plateau ardéchois et de ses belles montagnes (Famille des transports Guèze, et Varignier) cependant mes parents ont eu l’appel de la grande ville: à Lyon ! Mais quelques mois après ma naissance ils ont préféré revenir au pays ! Et voilà, j’ai grandi entre Vernoux, Saint Agrève et Le Cheylard ! Made in Ardèche !
Ardèche Actu : Comment se rend-on compte qu’on a en soi une voix telle que la vôtre ? Et qu’est ce qui déclenche cette envie de la travailler ?
Sébastien Guèze : J’ai découvert ma voix en imitant les pubs télé où l’on entendait des mélodies d’opéra, puis il y a eu le tube d’Andrea Bocelli Con te partiro, et le succès des 3 ténors en concert (Pavarotti, Domingo, Carreras). En cachette je les imitais, et je sentais ma voix timbrer naturellement. J’étais ado et quelques copains musiciens me poussaient à continuer ! J’ai donc attendu la faculté de Nîmes puis Montpellier, pour m’inscrire enfin dans un conservatoire, à l’âge de 18 ans.
Pour la petite histoire, mes tous premiers essais vocaux ont eu lieu à l’âge de 9 ans, avec mon ami d’enfance Rémi Dugand, nous n’avions pas mué, et l’on s’amusait à créer notre groupe ! Lui aussi a grandi, à présent c’est Remingway et il sort très prochainement son troisième album !
Ardèche Actu : Après vos prix au concours Placido Domingo – Opéralia, tout est allé très vite. Comment avez-vous vécu cela ?
Sébastien Guèze : Je sortais tout juste du conservatoire national à Paris, et j’apprenais mon métier avec des seconds plans, quelques mois après il y a eu le concours Operalia Placido Domingo, en 2006! Un souvenir incroyable qui m’a ouvert les portes de l’international et les premiers plans! J’ai pu faire mes débuts aussitôt dans La Bohème de Puccini, et travailler ce premier Rodolfo avec le grand metteur en scène Graham Vick. Ensuite j’ai du construire mon répertoire, apprendre chaque prise de rôle pendant 5 ans, pour en être à mon 35ième à ce jour.
Ardèche Actu : Vous êtes également un amateur de cinéma. Est-ce le côté acteur qui vous a fait choisir l’opéra ?
Sébastien Guèze : L’opéra a cette force d’allier son et image, c’est un art complet dont je suis tombé sous le charme immédiatement.Lorsque je travaille un personnage je l’imagine toujours dans un contexte cinématographique, comme si chaque détail de l’interprétation devait être pensé pour une caméra en plan serré. Je fus conforté dans cette idée lors d’un remplacement de dernière minute pour le rôle du duc dans Rigoletto. C’était un projet de retransmission télé en mondiovision avec Marco Bellocchio comme réalisateur. Le ténor étant souffrant, j’ai du assurer quelques répétitions, et cette approche, cette fois bien réelle face caméra, fut fascinante. Si dans la voix tout s’entend, là on ne peut pas tricher et tout se voit. Il faut être vrai, simple, dans la vérité de son personnage, avec une grande force intérieure: c’est vraiment passionnant ! La seule leçon à retenir est que l’on ne peut pas transmettre au public quelque chose que l’on ne ressent pas soi même.
Ardèche Actu : Souvent les artistes aiment la scène pour l’ambiance. A l’opéra le public est plus réservé et attentif mais on suppose qu’il est également important ?
Sébastien Guèze : Le public d’opéra est avant tout un public de passionnés! Capable des plus belles ovations comme des plus grands chahuts ! Quant on y goûte, et que l’on a la chance de tomber sur l’une de ces soirées magiques où le temps s’arrête, alors on ne peut plus s’en passer! On veut à nouveau revivre ces émotions… une voix qui se suspend, le temps qui s’arrête! Ressentir le frisson: c’est l’objectif à atteindre.
Ardèche Actu : D’ailleurs en 2008 lors de votre retour en Ardèche le public devait avoir une importance particulière ?
Sébastien Guèze : Un peu trop, avec toute la famille présente, les amis, un peu le retour au pays, d’un point vue émotionnel c’était trop! J’avais la gorge serrée tout le concert, un de mes plus grand trac, et pourtant je commence à avoir fait quelques grandes salles comme les Chorégies d’Orange, La Fenice de Venice, ou le festival Un Violon sur le Sable et ses 40 000 spectateurs; mais pour ces concerts en Ardèche rien à faire, je me suis laissé surprendre, mais c’était à la fois très agréable! Et j’espère bien remettre ça très bientôt…
Ardèche Actu : Qu’est-ce qui vous guide dans le choix d’incarner tel ou tel personnage ?
Sébastien Guèze : Avant tout sa ligne de chant, est-ce que vocalement je vais pouvoir m’épanouir! Puis tout de suite après le jeu, son interprétation, est-ce qu’il me parle, comment traduire ses émotions! Je fais des essais, je chante le rôle. Si je ne me sens pas à l’aise à 300%, je laisse reposer et mûrir, si à l’inverse c’est concluant, je fonce!
Ardèche Actu : Vos prochains projets ?
Sébastien Guèze : Faust ces prochains jours à Reims, puis je m’envole à Miami pour faire mes débuts à la scène en Roméo, je ne l’ai chanté qu’une seule fois en version de concert, et j’ai grande hâte! Je viens de revoir la version de Di Caprio à l’écran (j’étais fan adolescent), voilà une belle occasion de tenter une version chantée avec autant de fougue et d’émotion.
Quant aux saisons prochaines, je retrouverai La Bohème, La Traviata, Madama Butterfly mais aussi Les Pêcheurs de perles ou Faust. Je rêve également de faire mes débuts dans l’Elixir d’amour, bondir partout sur scène comme un fou, Des Grieux dans Manon pour le panache et la passion, ou un Don Carlo en français pour la noblesse et l’élégance!
Site officiel de Sébastien Guèze :