Nous les avions vus sur scène avec Fred Charrier et Emilien Buffa lors du Montivert Music Festival en 2018, mais nous n’avions pas eu le temps de faire connaissance. Aujourd’hui, nous rattrapons le temps perdu en vous présentant le duo À petits pas. Pour cela, nous prenons la direction du nord de l’Ardèche.
Nous arrivons «à petits pas» (rires) car nous vous avons « ratés » en 2018 lors du Montivert Music Festival et nous nous en excusons. C’est donc pour cette raison, que nous sommes ravis de vous rencontrer et de vous découvrir un peu plus. Pour commencer comment pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Florence : Je suis née en 1969 en Ardèche, à Annonay, j’y ai grandi et il me semble que j’ai toujours chanté … Un souvenir précis me revient en mémoire, j’ai une guitare dans les mains, j’ai 14 ans et je prends conscience de quelque chose d’important : ma voix produit sur mon public un effet notoire. Le partage commence. J’ai plus tard, après la naissance de ma fille aînée, à l’âge de 28 ans rencontré le Roy Hart Théâtre et j’ai osé libérer la puissance de ma voix, découvert ses mille aspects et qualités, la naissance de mes quatre enfants m’a ouverte charnellement et métaphoriquement des portes sur le monde de la création. J’ai aussi aimé assister aux stages des « Oiseaux rares » à Saint-Julien-Molin- Molette (42), lieu qui a vu notre rencontre musicale et artistique avec Frank Deal en 2012. Parallèlement à mon métier d’enseignante de lettres, j’écris, l’écriture est une source, les mots m’édifient, m’aident à voyager, à me définir, les mots des autres m’enrichissent … les mots sont aussi musique !
Frank : Moi aussi je suis né en mai 1969 mais à Saint Etienne, nous sommes de vrais conscrits. Après quelques années d’apprentissage de la peinture et du dessin, j’ai commencé les cours de guitare à « seulement » 18 ans. Un peu plus tard, j’ai appris à jouer du saxophone. Dès l’apprentissage de quelques accords, j’ai trouvé naturellement le besoin de créer des musiques et des chansons. Du côté de l’écriture, j’ai bien écrit quelques textes mais ma plume avait quelques difficultés à s’exprimer, alors j’ai fait appel à d’autres personnes pour les textes. Assez vite j’ai trouvé le plaisir de mettre en musique des poèmes avec une préférence quasi essentielle pour Paul Verlaine. De 2000 à 2015 je crée conjointement avec 4 autres membres du groupe vocal Chora’son le groupe Coloquintes. On enregistrera 3 CD : un EP « Les petites courges musicales » en 2003, « O’molette aux courges » en 2006 et « Les portraits » en 2010. Fin 2012 c’est le début de notre duo musical avec Florence.
Votre duo existe depuis 2012, mais comment s’est-il formé ?
Florence : J’ai donné mes textes à Frank après une scène ouverte à Saint-Julien-Molin-Molette après un stage de Musique à l’usine « les Oiseaux rares », sa femme Céline avait fait un stage avec moi. Quelques mois après, à Noël, j’ai reçu dans ma boîte mail les trois morceaux composés par Frank avec beaucoup d’émotion, ils correspondaient à ce que j’attendais sans m’y attendre vraiment ! Impression étrange d’avoir trouvé une âme sœur artistique.
Pourquoi le nom À petits pas ?
Florence : C’est une façon symbolique d’exprimer le fait de prendre son temps pour faire les choses, de laisser décanter, apprendre de la vie en allant lentement, pouvoir observer méditer, l’inspiration naît de cette lenteur et paradoxalement elle peut être fulgurante.
En 2015, vous faites la première partie du chanteur Yves Jamait. Peut-on dire qu’il y a eu un déclic ce jour là ? Que cela vous a donné envie d’aller plus loin dans votre aventure ?
Frank : En effet, lors d’une fête de la musique à Saint-Maurice l’Exil en 2015 sous un vent qui faisait tomber nos pupitres et même ma guitare sur trépied, nous avons été repérés par Philippe Briot et il a nous a proposé la 1ère partie d’Yves Jamait. Cette proposition a fait date puisque nous n’avions rien à montrer avant, à part sur scène (ni site, ni réseaux sociaux, ni enregistrement…)
Florence : Yves Jamait est une voix, un chanteur engagé, faire sa première partie fut un grand plaisir. Je ne sais pas si on réalisait vraiment … C’était au lendemain des attentats de Paris, on était encore très sensibles et à fleur de peau, en lien avec le traumatisme que venaient de subir les personnes au Bataclan et sur les terrasses des cafés parisiens, être sur scène ce soir-là fut très symbolique pour tous.
Votre premier album «Mes souliers rouges» sort en 2016. Comment est-il né ? Comment le qualifieriez-vous ?
Florence : C’est un album sur l’identité féminine, la plupart des morceaux sont inspirés des contes de « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estès, qui invitent les femmes à suivre leur nature sauvage et ne pas se conformer. La liberté d’être celle que l’on est, femme dans l’univers sans entrave. Frank a su écouter et lire mes textes avec beaucoup de tendresse et en a fait de belles chansons.
Frank : C’est un aboutissement de nos premières collaborations musicales. Cet album est aussi une base, une identité, une référence. C’est un album qui a été très apprécié par les 20 radios du réseau Quota puisque sur l’année 2017-2019 nous avons été classés 9ème.
Un album enregistré dans les studios d’Emilien Buffa à Peaugres. Est-ce important pour vous de travailler localement ?
Frank : C’est une chance d’avoir un studio d’enregistrement à notre porte avec un professionnel comme Emilien Buffa qui a un vrai don pour ce métier et une vraie qualité d’écoute. En plus il est sympa et son humour, moi j’aime.
Florence : C’est primordial à mon sens, cela donne du poids aux acteurs locaux, aux talents qui se croisent à notre porte. Emilien est une personne précieuse, dont l’oreille attentive nous fait progresser, il a toujours des idées sympas des propositions lors des enregistrements, et c’est un drôle de lascar, il a beaucoup d’humour, de tendresse, il est dans notre esprit, et nous a bien accompagnés, a respecté notre identité d’artiste et c’est très appréciable. Nous avons instauré avec lui un vrai rapport de confiance et d’amitié, nous sommes ravis qu’il soit sur notre chemin.
Votre deuxième album est un projet global très particulier. Comment l’Albatros a-t-il pris son envol fin 2019 et comment l’idée vous est-elle venue ?
Frank : C’est un projet qui a rassemblé beaucoup d’artistes et qui nous a pris deux années pleines. Nous avons fait appel à plusieurs arrangeurs dont Jean-Luc Michel qui a réalisé pour nous 4 arrangements pour cordes. Par l’intermédiaire de Lara Dormeau nous avons rencontré le Quatuor Grazioso qui interprète la musique de ces quatre poèmes qui donnent la couleur de l’album. Sur chaque titre, nous avons invité une ou deux personnes et nous sommes ravis du résultat et de leur collaboration. Pour en savoir plus sur cette aventure vous pouvez suivre « Le petit Journal de l’Albatros » qui est une trace mois par mois du projet. https://www.apetitspas.info/petit-journal-albatros
On s’aperçoit que pas mal de gens s’intéressent à la poésie. Nous avons eu des témoignages touchants et qui évoquaient aussi la redécouverte de certaines poésies. Nos vidéos sont bien appréciées puisque celle de l’Albatros a été vue sur Youtube plus de 4500 fois et de 7000 pour celle de l’Isolement .
Florence : C’est une aventure en effet, qui fut de longue haleine, notre sortie d’album le 15/02/2020 fut un succès, avec 40 personnes sur scène. Mon métier d’enseignante de lettres me met au cœur de la littérature, les poèmes choisis je les ai pour la plupart étudiés avec mes élèves, et ils sont riches de sens, de beauté, les adapter en musique permet de révéler le trésor qui sommeille en chacun des textes, leur donner un éclairage nouveau. Dans cet album, Frank a mis en musique un texte de mon père « Vue aérienne », morceau sur lequel je chante avec Yves Jamait et mon amie Karen Prévault, le premier des poètes pour moi, c’est mon papa qui m’a ouvert à la beauté des textes et qui m’a transmis l’amour de la langue française. J’ai été heureuse qu’il puisse entendre avant de nous quitter en janvier 2021, ces beaux morceaux ; l’Albatros fut un album à mon sens « d’adieu » à mon père, une façon de prendre congés de lui et de lui dire : « Merci papa ».
Un projet qui participe aussi à une bonne cause. Peut-on en savoir plus ?
Frank : La situation désolante de l’été 2018 où des migrants sur la Méditerranée que personne ne voulait accueillir sur son sol nous a tous les deux touchés. Le besoin d’aider ces personnes s’est fait naturellement. Nous avons décidé de soutenir l’association ASTI d’Annonay qui aident les personnes étrangères les plus démunis.
Comment peut-on se procurer vos albums ? Les écouter ?
Frank : Plusieurs commerçants de la région ont accepté, souvent sans rétribution, de le vendre. Nous profitons de cette occasion pour les remercier de nouveau. Les lieux et adresses sont indiqués sur notre site. Mais il est possible d’acheter notre album en ligne sur notre site dans la boutique.
Quels sont vos projets futurs ? Un nouvel album ?
Frank : C’est un vrai plaisir de se retrouver avec Florence sur le chemin de l’écriture et de la composition. En effet, nous projetons d’enregistrer notre 3ème album. A ce jour, beaucoup de choses restent à définir, mais je suis très enthousiaste avec les premières chansons que nous avons travaillées.
Florence : Pendant cette période de confinement, avoir des projets est essentiel si l’on ne veut pas se scléroser et déprimer ! Se préparer à la reprise, « labourer nos champs », se faire plaisir tout simplement dans le travail de composition me paraît une activité salvatrice. Un 3ème album est en train de se préparer … , on va garder la surprise !!! et laisser le suspens gagner les esprits ! Comme nous aimons collaborer et nous enrichir d’autres musiciens, nous allons faire confiance à différents arrangeurs, nous n’en disons pas plus !
Un dernier petit mot pour les internautes d’Ardèche Actu ?
Florence : Notre département ardéchois reste un cadre privilégié pour la poésie, tous ces coins fabuleux qu’ils décèlent sont inspirants, la variété géographique, la nature environnante, nous avons une chance inouïe. L’Ardèche compte un creuset d’artistes incroyables, des amateurs aux professionnels, nous le faisons vivre, ne perdons pas de vue que l’activité artistique de notre département est aussi un poumon, organe vital de notre société… (un microcosme qui rejoint le macrocosme). Nous nous en rendons compte avec cette crise sanitaire qui nous empêche d’aller dans les salles. Merci en tous cas à vous Dominique qui nous permettez de faire entendre notre voix autrement. Merci à tous les lecteurs qui poseront leurs yeux sur cette interview, et qui nous feront connaître.
Hâte de retrouver les salles !!!
Site officiel du groupe A petits pas : https://www.apetitspas.info
Page Facebook officielle : https://www.facebook.com/apetitspasgroupe